Il est hors de question que mes enfants retournent à l’école dans un mois », s’insurge cette maman auboise. « Les gestes barrières au milieu de plusieurs centaines d’élèves, je ne vois pas comment cela peut être applicable. On balance les gamins à l’école comme de la chair à canon. »
« Pour moi, ça ne sera pas avant la rentrée de septembre », renchérit une autre. « Ils ne tiendront pas avec un masque pendant quatre heures ni la distance d’un mètre. Je ne comprends pas cette décision, d’autant que les universités ne reprendront pas . »
« Les masques arrivent seulement depuis la semaine dernière »
L’annonce d’Emmanuel Macron, lundi soir, d’un retour progressif à l’école à partir du 11 mai, n’a pas tardé à faire réagir les parents d’élèves et a suscité une certaine incompréhension et de l’anxiété.
Une annonce nuancée depuis par le ministre Jean-Michel Blanquer, expliquant qu’elle ne serait pas obligatoire à cette date et que toutes les écoles ne seraient pas ouvertes.
Si le flou subsiste autour de cette potentielle reprise, les syndicats enseignants n’ont pas attendu pour monter au créneau et faire part de leur inquiétude alors que Patrick Bouet, le président du Conseil national de l’ordre des médecins, dénonce « un manque absolu de logique ».
Les craintes et les interrogations sont plus que présentes. Et la CGT Éduc’Action estime dans un communiqué « que cette décision est pour l’heure incompréhensible. Comment expliquer que les cafés et les restaurants demeurent fermés et permettre en même temps aux élèves de se réunir massivement alors qu’ils sont décrits comme potentiellement asymptomatiques, ce qui avait amené à la fermeture des écoles ».
« On va mettre en danger les parents et nos familles »
Laurence Corpel, secrétaire départementale de la CGT Éduc’Action pour l’Aube, déplore « un effet d’annonce sans plan de reprise dans une période où tout le monde est très mal et où l’on ne sait pas comment la situation va évoluer. On veut nous remettre dans la grande marmite alors qu’on dit que les élèves sont des porteurs sains. Pour l’instant, nous n’avons rien en matière d’équipement, de distanciation. Pour les volontaires, qui prennent en charge les enfants de soignants, les masques arrivent seulement depuis la semaine dernière. Certains collègues ont été contaminés. On va envoyer les enseignants en première ligne et mettre en danger les parents, nos familles. »
Dans ces conditions, pas question de reprendre le chemin de l’école. « Les enseignants sont vent debout contre cette décision. On se sent exposé. Il ne faut pas oublier que l’une des premières personnes décédées du Covid-19 était un enseignant. Ce n’est pas sérieux. On ne travaille pas dans ces conditions, ni les jeunes, ni les enseignants. »