Dans l’Aube, les enseignants ne lâchent rien
Après avoir été une centaine à défiler dans les rues de Troyes, samedi, les enseignants avaient décidé de poursuivre la mobilisation, jeudi. Pas de défilé mais un rassemblement place de l’hôtel de ville, sous forme de pique-nique revendicatif. Sans table, ni chaise.
Sandwich dans une main, pancarte dans l’autre, c’est dans le calme mais avec conviction qu’une cinquantaine d’entre eux ont, une nouvelle fois, fait part de leur opposition à la loi pour l’école de la confiance et la réforme du lycée, et réclamé ainsi leur retrait pur et simple.
« On brouille les cartes »
« On brouille les cartes », glisse Laurence Corpel, secrétaire générale de la CGT Éduc’Action. « On voit la mise en place d’une sélection. Faire croire aux jeunes qu’ils vont pouvoir s’en sortir sans les maths, c’est illusoire. » La réforme du lycée a beau se préciser, elle ne passe toujours pas auprès du corps enseignant. « Il y aura plus d’élèves dans les classes en 1re et en terminale. On ne voit pas comment ça peut être positif. Avant, en sortant de la seconde, les jeunes avaient un chemin tout tracé qui les amenait quelque part. Aujourd’hui, c’est la brousse. En gros, faites comme vous voulez », regrette Francis Gamon, secrétaire départemental de la FSU. Dans leur collimateur également, Parcoursup. « On en voit désormais les travers. On va juger les jeunes sur des activités extra-scolaires ou s’ils sont de bons citoyens au lieu de s’intéresser aux savoirs et à la connaissance. C’est une autre optique qu’on donne au bac. On a même découvert que pour valider ses vœux, il fallait parfois payer. »
Un moratoire sur le lycée 4.0
Réforme de la voie professionnelle, crainte de l’annualisation, co-intervention, lycées 4.0… tout est matière à discussion. « La Région demande aux lycées de se prononcer pour la rentrée. Soit il faudra s’adapter et équiper les secondes, soit ces derniers n’auront plus de manuels papiers car la fédération de parents d’élèves ne veut pas réinvestir. Ça ne laisse aucun choix. Un collectif Grand Est a été mis en place et une pétition est en ligne depuis une quinzaine de jours », résume Laurence Corpel. « On demande donc un moratoire sur ce sujet ainsi qu’un bilan pédagogique en matière de fonctionnement et d’environnement. »
La « bagarre contre la réforme » n’est pas finie. « On s’est mobilisés en janvier, en février, le 30 mars, hier, et on le sera de nouveau après les vacances jusqu’au retrait de la loi Blanquer. »