Réforme des retraites, pourquoi partir à 62 ans va se compliquer ?
C’est le top départ vers une énième réforme des retraites avec en ligne de mire, la fusion Agirc-Arrco dès 2019 et ses conséquences pour les salariés et les cadres. Comparatif régime de retraite actuel et ce que prévoit la réforme notamment sur l’âge légal de 62 ans.
La retraite à quel âge ?
1.- Actuellement l’âge légal de la retraite est 62 ans pour tous les salariés nés à compter de 1955. Cependant, il est possible de partir avant 62 ans dans les cas suivants :
– vous avez commencé à travailler avant 20 ans et donc effectué une Longue carrière
– vous avez été reconnus Travailleurs handicapés
– vous avez effectué un travail pénible et capitalisé des points « pénibilité » que vous pouvez convertir en trimestres pour la “retraite pénibilité”
Attention, sauf cas de retraite pour carrière longue, pénibilité et handicap, partir à 62 ans ne donne pas forcément droit à une retraite à taux plein puisque celui-ci dépend du nombre de trimestres cotisés et validés à l’assurance vieillesse (lire par ailleurs).
Par contre, la retraite à taux plein est automatiquement attribuée à ceux qui partent à la retraite à 67 ans (et non plus 65 ans) ou atteignent cet âge quand bien même ils ne totalisent pas le nombre de trimestres requis.
2.- Le projet de réforme des retraites prévoit de maintenir l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Cependant, selon le montant de leur pension de retraite, les salariés sont incités à travailler plus longtemps. Autrement dit travailler plus longtemps pour gagner plus (enfin un peu plus) de retraite !
D’ores et déjà l’âge légal est remis en cause à plus d’un titre :
– à compter du 1er janvier 2019, les salariés et cadres, nés en 1957 et après, qui prendront leur retraite entre 62 et 67 ans au taux plein, se verront appliquer un malus dit « coefficient de solidarité » de 10% par an pendant 3 ans sur leur retraite complémentaire Agirc-Arrco. Cela dans le but de vous faire partir plus tard puisque si vous attendez un an vous n’aurez pas de malus et vous bénéficierez d’une surcote de 1,25% par trimestre dans la limite de 4 (soit 5%) sur le montant de la retraite de base (CNAV-MSA etc.). Si vous attendez deux ans et plus vous bénéficierez d’un bonus de 10 à 30% sur votre retraite complémentaire + la surcote ci-dessus sur la retraite de base.
Et puisqu’il est question de fusion agirc-arrco (le 1er janvier 2019), ce
lle-ci va faire baisser le montant des retraites des cadres du fait de la disparition d ela cotisation Agirc. Celle-ci leur garantissait 120 points de retraite complémentaire au titre de la GMP (garantie minimale de points).
Pour plus d’explications cliquez sur retraites-complementaires-fusion-agirc-arrco-et-conséquences
– le nombre de trimestres pour bénéficier de la retraite de base à taux plein passe de 166 à 172 (voir ci-après) selon votre année de naissance. Donc partir à 62 ans peut vous coûter une décote de 0,625 % par trimestre manquant sur la retraite de base si vous n’avez pas le nombre de trimestres requis pour une pension à taux plein,
– cette décote de 0,625% risque d’être augmentée comme le souhaite le Medef par la voix de son vice-président chargé du social, Claude Tendil. Dans un entretien publié le 30 mars 2018 dans Les Echos, il indique : « il faut inciter les assurés à partir plus tard que l’âge légal comme nous l’avons fait avec l’accord Agirc-Arrco. Il faudra mettre en place une nouvelle décote suffisamment forte pour inciter les gens à partir plus tard (65/67 ans). » 65/67 ans c’est l’âge légal prévu par les gouvernements européens.
– âge légal de la retraite en Europe
– conséquences du report de l’âge de la retraite
Combien de trimestres pour la retraite à taux plein ?
1.- Dans le régime de retraite actuel, pour bénéficier d’une retraite à taux plein dès 62 ans, votre relevé de carrière doit afficher le nombre de trimestres validés par l’assurance vieillesse suivants :
– 166 trimestres si vous êtes né(e) en 1955, 1956 ou 1957,
– 167 trimestres si vous êtes né(e) en 1958, 1959 ou 1960,
– 168 trimestres si vous êtes né(e) en 1961, 1962 ou 1963,
– 169 trimestres si vous êtes né(e) en 1964, 1965 ou 1966,
– 170 trimestres si vous êtes né(e) en 1967, 1968 ou 1969,
– 171 trimestres si vous êtes né(e) en 1970, 1971 ou 1972,
– 172 trimestres si vous êtes né(e) en 1973 et après.
Faute d’avoir le nombre de trimestres requis pour une retraite à taux plein, deux possibilités :
– continuer à travailler après 62 ans pour valider des trimestres et obtenir le taux plein. Celui-ci est attribué d’office à compter de 67 ans même s’il manque des trimestres ;
– prendre quand même sa retraite qui subira alors une dé
cote de 0,625 par trimestres manquant. Par exemple, un salarié né en 1955 ou après à qui il manque 5 trimestres pour bénéficier du taux plein, bénéficiera d’une retraite au taux de 50% – (0,625 x 5) = 46,97%.
Rappelons que certaines périodes (chômage, service national, stages, congés maternité, paternité etc.) valident des trimestres pour la retraite. Prenez connaissance de la liste des dispositifs validant des trimestres retraites en cliquant sur http://www.legislation.cnav.fr/Documents/circulaire_cnav_2017_01_13012017.pdf
Précision : ce qu’on appelle retraite à taux plein équivaut à 50% du salaire moyen des 25 meilleures années pour les salariés du secteur privé.
2.- Ce que prévoit la réforme : mettre en place un compte sur lequel sont enregistrées les cotisations retraite versées par chaque salarié. Ainsi le salarié recevra le capital cotisé lors de son départ en retraite et il sera pris en compte la pénibilité.
Ce système concernerait tous les régimes des secteurs privés comme publics qui conserveraient toutefois leurs propres taux de cotisations.
En clair la notion de trimestre cotisé ne serait plus prise en compte et le système remplacé par une retraite de base par points comme pour le calcul des retraites complémentaires.
Ce système remet en cause l’âge légal de 62 ans puisqu’il oblige à travailler de plus en plus tard pour bénéficier d’une retraite décente. Il fait aussi disparaitre la notion de retraite à taux plein.
Quel taux de cotisation vieillesse pour valider un trimestre ?
1.- Actuellement pour valider un trimestre de retraite, il faut cotiser sur un revenu trimestriel au moins égal à 150 SMIC horaires bruts, soit actuellement 1 482 € bruts par trimestre (494,00 € bruts par mois).
Il faut donc avoir cotisé suffisamment. Avant 2014, c’était sur 200 SMIC horaires bruts.
Cela intéresse particuli
èrement les travailleurs précaires dont les bas salaires peuvent être insuffisants pour valider des trimestres vieillesses. Ca concerne aussi celles et ceux qui travaillent à mi-temps ou prennent un congé sabbatique dont la durée légale est comprise entre 6 et 11 mois. Dans ce cas, il vaut mieux répartir le congé sabbatique sur au moins deux ans (par exemple 6 mois la première année, 5 mois la suivante) afin de cotiser à l’assurance vieillesse sur 150 SMIC horaires bruts sur l’année.
Et bien entendu certaines périodes non travaillées, dites assimilées, valident des trimestres sans oublier des majorations possibles dont vous pouvez prendre connaissance dans notre article les-trimestres-retraite-sur-votre-releve-de-carriere
Attention contrairement à une idée reçue, ce n’est pas la durée du travail qui valide un trimestre mais le montant minimum du salaire brut soumis à cotisation.
2.- Ce que prévoit la réforme : la méthode en vigueur en Suède mais ça reste à définir. Simplement l’UGICT-CGT alerte sur le système à la suédoise
Quant aux cotisations salariales et patronales « retraites » seront-elles supprimées comme celles destinées à l’assurance maladie et au chômage depuis le 1er janvier 2018 ? A surveiller car la tendance est au transfert des cotisations vers la CSG avec pour conséquence le désengagement des entreprises dans le financement des retraites et la remise en cause du régime de retraite par répartition et solidaire.
Les retraités en ont un avant goût avec la hausse de la CSG de 1,7 point – notre article csg-sur-les-retraites