Le retrait du projet de loi travail

25 avril 2016 | Ecrit par Patrice MARCHAND

Le retrait du projet de loi travail dit « El Kohmri » n’est pas négociable  

CGT, UNEF, MJS, FSU et JC ont animé ce débat autour de la loi El-Khomri devant une quarantaine de personnes.

Le code du travail. Un texte issu du combat militant, sur lequel il n’y aura pas de concession. Voilà ce qui est ressorti d’un débat mené hier par plusieurs organisations.

Un débat sur la loi travail s’est tenu hier au petit Louvre, à l’appel de plusieurs organisations syndicales et politiques. Sobrement intitulé « Loi travail : mauvaise ou très mauvaise idée ? », les partisans d’une réforme du code du travail n’étaient pas présents en nombre parmi la quarantaine de participants.

« Inversion de la hiérarchie des normes »

Sylvie Berthoux, secrétaire générale adjointe de l’UD-CGT, a posé le décor d’une loi jugée mortifère. « Le gouvernement essaye de faire croire que s’il y a une mobilisation aussi importante, c’est que le fond du texte n’a pas été lu et encore moins compris ! », explique-t-elle. Souhaitant prouver l’inverse, et assisté par un powerpoint mettant face à face un « avant/après » loi travail, la syndicaliste égrène un à un les points de discordance avec le projet de loi.

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 Appel à la Grève et à manifester
le 28 avril à 14 h, place de la Mairie.

« Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le texte dans son ensemble repose sur une inversion de la hiérarchie des normes ». Aujourd’hui, la loi fixe une règle similaire pour l’ensemble des salariés. C’est le code du travail. Des accords de branches ou conventions collectives viennent alors ajouter des droits spécifiques, suite à une négociation entre les salariés et les entreprises d’un même secteur professionnel.

« En aucun cas l’accord de branche ne peut revenir sur le code du travail », précise Sylvie Berthoux. À ces accords, viennent enfin s’ajouter les accords d’entreprises portant sur les conditions de travail et les garanties sociales des salariés, et qui se négocient au sein d’une seule et même entreprise.

« C’est cet ordre que propose tout simplement de supprimer la loi travail, en remplaçant le système de la dérogation par une règle supplétive. Désormais les accords d’entreprises fixeront la règle de manière autonome. Il s’agit tout simplement d’instaurer un climat de dumping social entre tous les salariés », s’indigne Sylvie Berthoux.

Des syndicats fragilisés

À cette inversion des valeurs, vient s’ajouter l’affaiblissement de la représentation syndicale dans l’entreprise. « Ils avaient déjà attaqué la position de représentant du personnel avec la loi Rebsamen. Avec le système de consultation des salariés, c’est une prise d’otage des syndicats représentatifs qui ne pourront plus négocier. Autrement dit, le droit d’opposition des syndicats majoritaires est remplacé par le référendum des salariés ».

Entre facilitation des licenciements, et fractionnement ou allongement de la durée de temps de travail, la liste est encore longue… « Même sur les annonces en faveur des jeunes, il y a tromperie. La fameuse garantie jeune est en réalité déjà existante dans plusieurs départements et doit être étendue sur tout le territoire ».

« C’est simple, on remet en cause tous les acquis de la classe ouvrière défendus par le conseil de la résistance à la Libération ! Mais je suis aussi choqué de voir à quel point les artisans, les TPE et les PME sont écrasés par les taxes et les impôts. Il s’agit d’une loi pour la grande finance. Il faut mettre un terme à l’écrasement des salariés, et des petits patrons qui rendent de vrais services », s’exclame un des participants.

Une seconde prend la parole, « avec ce tout pour le travail, ils vont rendre impossible la conciliation de vie familiale et vie professionnelle. Le marché du travail va se rééquilibrer, parce que les femmes vont devoir retourner au foyer. C’est un vrai retour en arrière ! ».

Mobilisation locale à la peine

« La lutte doit maintenant continuer, jusqu’au retrait ! ». Une conclusion largement partagée par les organisations de jeunes présentes, mais qui constate amèrement la difficulté de mobiliser sur Troyes. « Les lycéens se sont fortement investis », note Angélique Leblanc de l’UNEF. « Mais c’est compliqué de mobiliser les étudiants à Troyes, et nous sommes dans une des villes de France où il y a le plus de jeunes encartés au Front National. Mais on sent qu’il y a une prise de conscience, même si la mobilisation n’est pas une priorité », ajoute Émilie Gesnot, des MJS.

 

Article du journal Libération Champagne du 23 avril 2016 (rédac Stéphanie MUNIER)

 

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