Sodimédical, le Joint Français, Vachette, ADMR…“d’autres conquêtes pour les salariés”
L’Aube connaît de nombreuses turbulences sociales. David Morin, secrétaire de l’union départementale CGT, livre au journal “La Dépêche de l’Aube” le point de vue de son organisation sur tous ces dossiers.
La dépêche de l’Aube : Le dossier Sodimédical semble être un florilège de ce que peut se permettre un patron dans la jungle de la mondialisation ?
Tout d’abord, ce qui nous interpelle sur ce dossier, ce sont les limites du « tout juridique ». Les salarié(e)s ont saisi à juste titre les tribunaux compétents avec un avocat bien connu dans le domaine. Ils ont gagné devant les tribunaux, mais quid du respect des jugements prononcés ? Quid de l’avenir de Sodimédical ? Seules les luttes des salarié(e)s peuvent répondre à ces questionnements. Effectivement donc, dans un monde ultra libéral, ce type d’employeur se sent pousser des ai les. Si nous avons fait échouer la directive Bolkenstein en son temps, il nous faut d’autres conquêtes pour les salarié(e)s du monde entier.
LDA : Le Joint Français, Vachette, il y a derrière ces deux entreprises des multinationales qui réalisent d’énormes profits. Pourquoi tant de mépris à l’égard des employés ?
Les exemples se multiplient effectivement sur ce type de schéma. On pourrait aussi ajouter VSV qui est sous-traitant de groupe Zannier qui décide de briser l’emploi à Vendeuvre, déjà durement atteint par les baisses d’effectifs de SIMPA. Pour ce qui est du Joint Français, cela dépasse l’entendement. Cette entreprise « historique » reprise par François Béranger dans une chanson « Le blues du syndicat », fait partie maintenant d’Hutchinson qui appartient au groupe Total. C’est là que le bât blesse : cette multinationale qui profite de son statut pour ne pas participer à la solidarité nationale, qui affiche dix milliards d’euros de bénéfices en 2010 avec une hausse pour début 2011 et qui refuse de reporter les baisses du prix du baril de pétrole mais seulement les hausses, c’est bien cette méga entreprise qui décide du haut de sa tour d’argent du sort de 35 salariés du bassin d’emploi Romillon. La lutte vient d’être suspendue pour tenter de reprendre en septembre. Pour ce qui est de Vachette, qui est sous la coupe du groupe suédois Assa Abloy, les dangers qui pèsent sont surtout sur l’externalisation. Si les salarié(e)s sont encore sous l’épée de Damoclès, ils ont renvoyé les responsables de ce groupe international dans leurs pénates par une grève reconductible. 1-0 : balle au centre, la seconde mi-temps aura lieu aussi en septembre.
LDA : l’ADMR est au bord du gouffre. Du côté du conseil général ou de la fédération, on a l’impression que chacun a voulu se couvrir sur le dos du personnel. Que propose la CGT dans ce dossier ?
Des moments de luttes intenses, des AG toujours mouvementées dans lesquelles l’Union Départementale s’est impliquée malgré l’absence de la CGT dans cette association.
Je ne referai pas le film dans le détail de ces semaines agitées, mais redirai seulement les principes et les perspectives que nous souhaitons donner à ce dossier. Le conseil général prétextant des problèmes (pourtant réels) de fonctionnement, s’est refusé à payer le prix de l’heure nécessaire (environ 19,80 euros) et la survie de cette fédération départementale (750 salariés dans 33 associations). Les résultats ne se sont pas fait attendre, les dépôts de bilan en cascade se sont succédés. C’est la conséquence directe de la déclinaison des politiques nationales et gouvernementales pour le secteur social.
Après avoir gagné sur les salaires qui n’étaient plus payés depuis fin mai, il restait à organiser le plus compliqué : la riposte syndicale pour l’avenir de ces 750 salarié(e)s et des quelques 4 000 bénéficiaires dans des besoins grandissants.
Les moyens doivent être trouvés pour y répondre, c’est un véritable enjeu de société pour notre département. La CE de l’UD a donc validé l’idée de travailler à un projet à construire autour du comité de suivi que nous avons mis en place sous forme de propositions alternatives. Toutes les deux semaines, pendant l’été, nous tenterons de partir des besoins afin de nourrir notre réflexion, avec quelques pistes tout de même. Quelle reconnaissance de la professionnalisation des salariés ? Est-ce que la structure associative dans le schéma actuel peut être une réponse aux nouveaux besoins de la dépendance ? En tout état de cause, nous refuserons que des enjeux de société comme l’aide à la personne soient livrés au secteur lucratif, quel qu’il soit !
LDA : F. Baroin, le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, est relativement absent sur ces dossiers qui, pourtant, concernent directement la circonscription où il est élu. Que vous inspire cet état de fait ?
Un étrange sentiment habite les militants du département. Si monsieur Baroin a été élu député, il a été appelé à prendre part aux premières responsabilités du gouvernement.
Dont acte. La continuité d’élu local a été endossée par son remplaçant qui a reçu récemment une délégation du Joint Français, les choses ne se sont pas passées au mieux… Il a même raccroché au nez du délégué syndical, bel exemple. Nous n’attendons pas du ministre des finances de l’économie et de l’industrie un régime de faveur aubois, mais qu’il mette en place des mesures pour empêcher la casse de ce qui doit continuer à structurer notre économie : l’emploi industriel. Au-delà des luttes menées, souvent gagnantes en ce moment, il est incontestable que les salariés ne se sentent pas aidés ni soutenus par les élus locaux…. à quelques exceptions près.
voir aussi sur le site de La dépêche de l’Aube n°1139
http://www.ladepechedelaube.org/article.php3?id_article=1717